Pierre Andolenko - Les canons étaient sous le bureau

Publié le par Patrick Chabannes

Pierre Andolenko - Les canons étaient sous le bureau

"La France et les français valent mieux que leurs gouvernants. Rien d’extraordinaire : les premiers sont dans le réel, les seconds beaucoup moins."
Un des meilleurs livres que j’ai lu ces derniers six mois. Une vie racontée au présent dans un style vif, incisif et dépouillé associé une parole libre allant toujours droit au but, sans fioriture et en oubliant l’omerta officielle.
Voyant la différence de réaction entre les autorités et le peuple face au phénomène inédit d’énergumènes exécutant une rédaction d’un journal satirique et les gens chargés de les protéger, entre les politiques ergotant manifestant en pleurant et les héros du quotidien qui mirent leur vie en ligne à ce moment là, Pierre Mychkine, le narrateur, sent la moutarde lui monter au nez. Non le terrorisme n’est pas un ennemi, c’est une technique de combat. Oui les autorités ont peur de nommer l’ennemi et ne veulent, ou pire ne peuvent, désigner les enjeux pourtant simples

Tenter une survie libre en ne se laissant pas envahir par des concepts de vie qui ne sont pas les nôtres.

Écrit sur le mode d’une narration par ce personnage extraordinaire, Pierre Mychkine, né en 1907, fils de Paul un avocat menchevik et Marie, représente d’une vieille famille de boyards russe, conte, à notre intention, sa vie expliquant sa révolte.
L’émigration de Volotchisk, la terre de sang, chassé par les rouges, par un train miracle tenant du train de Mad Max, sous le regard et les pistolets fumant des Tchékistes.
Les années 20, l’exil en France avec des ressources limitées ; la vie des émigrés russes blancs à Paris ; des histoires magnifiques telle celle de Dimitri Amilakvari, prince géorgien de sang royal qui lavera des voitures à Paris, servira dans la Légion, héros de la France Libre il donnera sa vie pour notre liberté ; l’abandon de ses racines et la reconstruction via Saint Cyr, pour suivre la tradition familiale et faire sienne la magnifique réflexion du Maréchal Ney, fils de tonnelier, face au pedigree d’un archiduc d’Autriche.

Moi, je suis mon propre ancêtre.

1927, officier français, La Légion Étrangère au 1er Régiment Étrangère d’Infanterie à Sidi Bel Abbes. L’Algérie d’un trait de plume : "Tout cela fait une société assez cosmopolite, qui cohabite sans problème mais en se mélangeant peu, en se répartissant les tâches."

Puis la conquête du Maroc où aucune tribu n’est venue à nous sans avoir été préalablement vaincue par les armes. La guerre du Rif, le Haut Atlas, jusqu’à Bougafer en 34…Le clairon sonne, au milieu du combat « Aux champs », Alexandroff n’est plus. C’est mon premier ami qui meurt au combat et avec quel panache…Ce n’est pas le dernier.
La Syrie, Homs, le mandat de la SDN, Laurence d’Arabie et les manigances et oublis anglais, la grande histoire et la petite histoire, remise à l’endroit de la mémoire occultée dans l’historiographie officielle, passionnant.
1940, la déclaration de guerre, la position des 35 000 hommes des forces françaises du Levant et de vivre l’incroyable imbroglio, les drames et les jeux politiques ou personnels au Levant entre les Forces Françaises du Levant, les Libanais, Syriens, Druzes, Tcherkesses, Anglais, Américains, Gaullistes, Espagnols communistes, Allemands, Vichy de 1940 à 1943.
Se trouve, en effet, en face chez De Gaulle, mon meilleur ami, mon frère, celui qui a partagé la même révolution, le même exode, les mêmes études, les mêmes vicissitudes, Dimitri Amilavari, Commandant la 13ème demi-Brigade de Légion Étrangère.
Extraordinaire ! Vivant, rapide, percutant, vrai.




1942…Quant à moi, tel le chien avec ses os, j’ai ramené mes deux canons de 25mm, que je fais cacher sous le plancher de mon bureau dès qu’il m’est attribué.

Novembre 42, les anglo-américains débarquent sur Oran, Alger et Casablanca. L’affrontement est inévitable. Les pertes inutiles sont lourdes. Et les deux officiers supérieurs, tentent de gagner du temps avec des astuces surréalistes alors qu’il serait si simple de rester l’arme au pied…Mais on est militaire, donc on exécute les ordres. Et le 10 Novembre 1942, à 6 heures du matin le cessez le feu est signé…. Et tenir ensuite la liste des actions plus ou moins glorieuses de ceux qui furent ensuite nos alliés prêts à occuper notre pays avec gouvernement et monnaie d’occupation…

On essayait de se préparer contre les Allemands…et de se garder des autres, force est de constater que si les décideurs français n’étaient pas brillants, les alliés n’avaient souvent pas été tendres avec les Français, ce qui n’avait pas été oublié.

Après une formation de 5 mois en 1943, voilà notre héros en charge du 2ème Bureau, reconnaissance, infiltration, interrogatoires, recoupements… Septembre 43, réarmement français sous contrôle US et les voilà partis pour la campagne d’Italie. Entrée dans Rome de la Vème Armée. 370 000 hommes dont 62% US, 26% français, 12% anglais. Les pertes 56%, 34% et 10%. L’armée française paye cher.

La médiane de survie d’un officier français sera de 100 jours.

Montée dans la botte vers Sienne dans le pays-musée. Ordre est donné à l’artillerie de la division par de Montsabert de ne pas tirer en deçà du XVIIIème siècle.
Puis St Tropez, Toulon et Marseille avec 4 semaines d’avance. La 1ère Armée française se jette à la poursuite des Allemands non pas derrière les Américains mais à leurs cotés. Montélimar, Valence, Grenoble, Lyon…Les troupes africaines colorées sont en partie renvoyées au pays, il s’agit de blanchiment demandé par les US voulant que le sang français coule bien dans l’effort de guerre….Le plus lourd tribut, toutes armées confondues, fut payé par les officiers et les Pieds-Noirs d’Algérie permettant à la France de terminer honorablement dans le concert des vainqueurs.
Vous découvriez tout seul la suite passionnante passant par l’Indochine, l’Algérie, l’espionnage, le nucléaire, la politique internationale, la Russie en 1998 avec l’hommage aux Romanov… Et une trentaine de pages d’annexes historiques passionnantes et des photos d’époque.

Nafissa Sid Cara, professeur de lettres, député d’Alger à l’Assemblée Nationale, Ministre en Janvier 1959, a pour mission l’évolution du statut personnel du droit musulamn, la promotion d’un Islam républicain compatible avec les lois de la République et de l’émancipation de la femme musulmane avec l’ordonnance du 4 Février 1959 stipulant que les mariages se contractent par consentement verbal et libre des deux époux. Il y a donc 50 ans, avez-vous constaté des progrès ?

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Lectori salutem, Patrick

Publié dans histoire, voyage

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