Victor Hugo – Hernani
"Dîtes-moi votre nom. Dîtes-moi le vôtre.
Je le garde, secret et fatal, pour un autre
Qui doit un jour sentir, sous mon genou vainqueur,
Mon nom à son oreille, et ma dague à son cœur." (Acte I, scène II)
Par un étrange concours de circonstances, ce que la vie nomme la Providence, m’est offert le théâtre complet du Prince des Poètes, un beau volume de papier bible. Je feuillette et laisse le mouvement du monde choisir pour moi…Hernani…Les pénibles souvenirs scolaire s’effacent devant le souffle du génie, mon âme est emportée par l’élan du romantisme vibrant.
Quelle modernité ! Goutez cette réplique de Doña Sol à Hernani qui discourt sans fin (Acte I scène II)
"Quand aurez-vous fini de conter votre histoire ?
Croyez-vous donc qu’on soit à l’aise dans cette armoire ?"
Humour en alexandrins quand Donc Carlos dit aux Don Ricardo, Matias et Sancho (Acte II, scène II):
"Mes amis, vous allez la voir ! – Mais notre nombre
Va l’effrayer peut-être…Allez tout trois dans l’ombre,
Là-bas épier l’autre. Amis, partageons-nous
Les deux amants. Tenez à moi la dame, à vous
Le brigand.
- Grand merci !" (répond Don Ricardo)
Et le summum du romantisme dans cette tirade de Doña Sol à son soupirant, le Roi, Don Carlos (Acte II, scène II)
"C’est un leurre. Et d’ailleurs, Altesse, avec franchise,
S’agit-il pas de vous, s’il faut que je le dise,
J’aime mieux avec lui , mon Hernani, mon roi,
Vivre errante, en dehors du monde et de la loi,
Ayant faim, ayant soif, fuyant toute l’année,
Partageant jour à jour sa pauvre destinée,
Abandon, guerre, exil, deuil, misère et terreur,
Que d’être impératrice avec un empereur !
Que cet homme est heureux" (répond Don Carlos) N’est-ce pas délicieux !
Acte IV, scène III, les conjurés vont l’un à l’autres, messes basses en se prenant la main, se retrouvent pour comploter….
Les saints nous protègent
Les morts nous servent.
Dieu nous garde, Qui vive
Ad angusta, Per angusta
Merci Pierre de ce cadeau délicieux que je n’ai guère mérité
Lectori salutem, Patrick